Tissage ?

Question : Que voulez-vous dire par "tissage" avec le patient ?

Réponse : Chaque relation est une organisation entre ce que je suis et ce qu'est l’autre. Ce que je suis émet un stimulus, dit ou non-dit, lequel stimulus est reçu par l'autre, produit une réaction en l'autre, qui produit à son tour un stimulus, reçu en retour, qui produit à son tour une réaction, etc. L'amour, la haine, le désir, le rejet, l'indifférence, l'obéissance... sont une organisation d'informations et de feedbacks réciproques qui ont des conséquences sur moi et sur l'autre.

Toute vie a une influence sur toute autre vie, même si cette influence n’est pas toujours visible, perceptible, compréhensible. Nous ne sommes jamais seuls : nous sommes inscrits dans un réseau, à commencer par celui du langage...

Et donc, pour répondre plus précisément à votre question : mon travail consiste d'abord à prendre le temps de sentir comment le patient me fait réagir. Dans la vie de tous les jours, nous avons quelque chose à défendre, une image de soi par exemple, et nous passons à côté de ce que l'autre nous fait ressentir pour revendiquer l'image que nous avons à défendre. En revanche, dans le dispositif psychothérapeutique, je (le psy) n'ai pas d'image à défendre et je peux donc restituer au patient ce que provoquent en moi ses paroles, son histoire, sa plainte... sans avoir d'attente en retour. Et j'invite le patient à restituer ce que mes paroles provoquent en lui, de la même façon. On s'appuie en cela sur le dispositif psychothérapeutique dans lequel personne n'a rien à défendre. Et si je me rends compte que le patient a quelque chose à défendre auprès de moi (le transfert), je l'invite à le regarder.

Notre relation psy-patient est donc un tissage, comme toute relation, mais débarrassée de l'enjeu "égotique" contenu dans toute relation.

Le but du dispositif psychothérapeutique est de mettre en lumière les enjeux égotiques qui déterminent, à notre insu, nos relations, et nous font souffrir.