Fascinations...

Question : Le "moi" est tout ce que nous avons à disposition et qui nous distingue notamment des animaux. Comment croire qu'on peut s'en passer ?

Réponse : Personne ne vous demande de croire et personne ne vous demande de vous passer de ce à quoi vous tenez. Mais je vous invite à éclairer ce que vous appelez "moi", en vous disant qu'une chance est à saisir dans cet éclairage.

Regardez la définition que vous vous faites de votre moi et la définition que s'en fait quelqu'un d'autre : si vous changez de pays, de culture, de société, de croyance théologique, politique ou psychologique, la définition du "moi" n'est plus la même. Vous verrez qu'ici votre moi s'arrête aux frontières de votre peau et que dans telle autre culture votre moi s'arrête aux frontières de votre famille, et que pour tel autre individu patriotique le moi s'arrête aux frontières de son pays et pour tel autre religieux le moi s'étend à l'âme. Cela signifie que "moi" n'est pas une chose du monde naturelle, comme l'oeil ou le doigt, mais que c'est un concept, et que comme tout concept il dépend de l'idéologie de celui qui le manipule. On ne prend conscience de soi et du monde que dans une culture, un réseau, un ensemble de croyances, un ensemble de règles et de lois. On peut donc dire cela du "moi" mais on pourrait le dire aussi de tout objet perçu.

L'idée n'est pas de se passer du moi mais d'éclairer la fascination qu'exercent sur nous les définitions que nous nous faisons du monde et de nous ("moi") au sein du monde.