Connaissance ou changement ?

Question : Je ne vois pas très bien comment on pourrait changer sans désir de changer. A la base, il faut bien du désir pour continuer de vivre, a fortiori si on veut changer. Sinon, on peut rester dans son lit et attendre que la mort vienne sans rien faire.

Réponse : Il y a un réflexe, dans notre culture (et probablement dans d'autres), qui nous fait refuser ce qui se présente à nous : "ça devrait être différent". Vous constatez que vous êtes comme ceci ou comme cela, que votre compagnon est comme ceci ou comme cela, cela vous fait vivre un sentiment désagréable, et le réflexe monte : il faut que ça change.

Faisant cela, vous passez à côté de celui ou celle qui est en train de vivre une aventure intérieure extrêmement complexe et vivante, vous-même, aventure qui se traduit par ce sentiment désagréable. C'est cela que je vous propose de voir : le désir de changer ne vous fait pas mieux vous connaître - mais l'exploration de ce sentiment désagréable.

Sous prétexte que ce que vous êtes n'est pas adéquat, ou que l'autre n'est pas attentif à vous, ou que la configuration des astres n'est pas propice, vous ne prenez pas le temps de sentir qui est en train de sentir que "ça ne va pas", et comment, par quels signes, par quelles émotions, par quels endroits dans le corps, par quelles petites histoires intérieures.

C'est cela qui est à voir. Le désir de changer a tendance à faire exister dans un futur plus ou moins proche "le changement", à travers de nouvelles pensées, de nouvelles théories, un nouveau compagnon, un nouveau lieu de vie, un nouveau travail. Mais en attendant, c'est la même personne, avec les mêmes caractéristiques, qui va obtenir, si elle l'obtient, ce changement extérieur de pensée, de théorie, de compagnon. Autrement dit, rien n'aura changé, car n'ayant pas pris connaissance du filtre avec lequel vous regardez le monde, vous verrez toujours le monde, les hommes, les femmes, le travail, les Blancs, les Noirs, les Rouges, etc. de la même façon.

Voilà ce que je vous propose d'observer. La fascination pour l'objet "changement" nous fait passer à côté de la connaissance de notre fonctionnement intime.